02 Apr
02Apr

En ce mois de mars 2024, de cette quatrième année de Louis Aliot maire de Perpignan, l'idéologie RN se renforce dans divers champs de la culture.

Le livre "Perpignan sous mandat RN" édité par L'Harmattan décortique l'idéologie dans les champs culturels propres à Perpignan :
• l'offre,
• le traitement de l'histoire,
• le rapport aux religions et à la catalanité de Perpignan.
Ces thématiques s'entremêlent et sont d’autant plus d’actualité. Les récentes communications sur : la dernière exposition sur le FLN ou le jumelage avec Majorque sont les signes de l'installation de l'idéologie RN à un niveau communal.

L'observation de thématiques de l'histoire, sur la catalanité et la religion catholique traditionaliste peut être un révélateur de l'idéologie d'extrême droite dans la boutique et l'arrière boutique de la municipalité perpignanaise.

**Un certain rapport à la catalanité    

Le livre "Perpignan sous mandat RN" consacre un chapitre sur l’anticatalanisme non assumé par la municipalité Aliot.

Pendant 3 ans la municipalité RN enchaîne :



• les ruptures (Perpignan la Catalane remplacée par un logo religieux et un slogan de camping),

• Les substitutions symboliques (logo avec deux tours, des panneaux Perpignan la catalane qui disparaissent, sur le Roussillonnais)


• Une fête "catalane" sans langue catalane,
• les discours ("sang versé des Catalans"/11 novembre, le roussillonnais/Institut du Roussillon opposé au "féodalisme de Barcelone")


• La substitution de l'Histoire catalane de la ville par une référence aux Rois Majorque sans perspective historique.

    L'entreprise de révisionnisme historique continue cette année avec en janvier 2024 l'annonce de jumelage avec le Pays Valencien et Palme de Majorque. On notera que Vox le parti d'extrême droite espagnol était favorable à un jumelage entre Palme de Majorque et Perpignan. Sur le Pays Valencien il est possible que les rapprochements se fassent avec les "blaveros", un mouvement d'extrême droite valencien qui nie la catalanité de la culture valencienne.     

En guise de transition on notera que la "catalanité" de la municipalité Aliot est reliée à un certain catholicisme : bénédiction des roses de la Sant Jordi et aux "gegants", référence au "pessebre", messe pour "Jaume" III,...

**Un certain rapport aux religions

Le livre "Perpignan sous mandat RN" consacre un chapitre aux rapports particuliers de la municipalité Aliot avec les religions perpignanaises, notamment avec le catholicisme ostentatoire et/ou traditionaliste.

*un traitement opposé de "l'islam" et de la communauté juive     

-Musulmans/"Islam"

La communication municipale pendant ces trois années abordent indirectement le vocable 'islam' : meurtre d'une adolescente (Lola), en opposition aux droits de la femme (en Iran ou en Afghanistan) ou à la laïcité (charte de la laïcité pour les clubs perpignanais).     

Le maire Louis Aliot évoque peu les musulmans mais parfois pour souhaiter "un bon ramadan et en particulier aux harkis" (référence à l'Algérie coloniale).    

 -Communauté juive

Louis Aliot était déjà un cadre du Front National puis du RN qui œuvrait au rapprochement avec la communauté juive pour dédiaboliser/normaliser/banaliser le parti (Lire « La main du diable Comment l'extrême droite a voulu séduire les Juifs » de France Judith Cohen-Solal, Jonathan Hayoun.).     

Louis Aliot maire consolide ce rapprochement : participation aux hommages aux victimes de l'antisémitisme, vœux pour les fêtes juives, projet de musée sur le call.     Cette démarche lui a valu la reconnaissance de Serge Klarsfeld.

*Un catholicisme municipal avec une boutique modérée et une arrière boutique intégriste     

-la ”boutique” modérée

La municipalité Aliot continue comme l’ancienne municipalité à organiser des événements culturels anciens à caractères religieux comme ”musique sacrée” et surtout ’la Sanch”. Ce dernier est un des rares évènements culturels à bénéficier des panneaux sur toutes les avenues perpignanaises

La municipalité Aliot continue comme l’ancienne municipalité à bafouer le principe de laïcité en installant la crèche catholique au sein de la mairie. Après 3 années de condamnation par la justice, la municipalité Aliot trouve pour le Noël 2023 une astuce pour éviter une nouvelle condamnation : installer spatialement la crèche au bord de la rue mais accessible par la mairie. Cette période est marquée également par l'ajout d'une nouvelle tradition religieuse : les Rois mages. La presse publie le  3 janvier 2024 : « à la fin de la seconde guerre mondiale que les Rois mages ont été détrônés par la figure du Père Noël, rendu populaire dans l'hexagone par les soldats américains. En Roussillon, la réapparition officielle de la cavalcade des Rois aurait eu lieu à Rivesaltes, dans les années 90. En 2004, Perpignan la met à son tour en scène, mais 13 ans plus tard, elle disparaît". https://www.lindependant.fr/2024/01/03/perpignan-le-retour-de-gaspard-melchior-et-balthazar-en-ville-7-ans-apres-leur-derniere-cavalcade-11673728.php

C'est dans surtout dans  l’espace numérique comme le Facebook de la ville que l’on peut remarquer une ostentation fréquente de la religion catholique

-la ”boutique” intégriste

Comme cité dans la partie précédente, une partie des élus municipaux s’affichent dans des messes. L’événement le plus marquant est la première organisation d’une cérémonie publique pour faire tomber la pluie  par Georges Puig. L’édile chargé des questions de l’eau, sympathisant de la royauté française (vidéo https://www.facebook.com/share/v/Nrbes5v7tLgj6iSY/ ) et montré en exemple comme comme locuteur du roussillonnais en opposition à la langue catalane (vidéo https://www.facebook.com/share/v/TMRLtAbqH1CPG3A2/ ).

Pendant la troisième année, la presse a évoqué les relations de conseillers municipaux avec une minorité de catholiques perpignanais opposés à la réforme de Vatican II et adeptes de messes en latin ou d’hommages à Louis XVI. D’un point de vue historiographique on peut affirmer que ces collusions perpignanaises sont anciennes. Dans ces recherches sur la période 1980-2000, Ludovic Piquemal  (mémoire « Groupuscules et mouvements d'extrême droite hors Front National dans les Pyrénées-Orientales 1984-2003 »). observe que les catholiques traditionalistes intégristes perpignanaises fréquentent dans les messes de cette période des membres de mouvements pétainistes, royalistes et du Front National.

** Un certain rapport à l’histoire

Le livre "Perpignan sous mandat RN" consacre un chapitre sur le traitement de l’histoire notamment concernant la Résistance et l’Algérie coloniale par la municipalité Aliot.

Pendant 3 ans la municipalité RN de Perpignan a entretenu :

• une communication continue sur les hommages à la Résistance française et aux victimes de l'antisémitisme,

• et a amplifié l'apologie de l'Algérie coloniale au travers d'expositions (assassinats commis par le FLN, 100 000 euros pour "Perpignan capitale des Français d'Algérie).
On notera également dans le cadre de ces évènements l'organisation de messes catholiques.

Récemment, en mars 2024, on peut observer une double manipulation de l'interprétation de l'histoire avec l'exposition : "60 ans après, l'histoire se répète : "F.L.N et Hamas, même méthodes, même stratégie" organisé avec la collaboration du Cercle Algérianiste. On trouve ici la combinaison et la conjonction de deux démarches politiques. D'un côté, le RN consolide sa dédiabolisation avec une image d'opposant à l'antisémitisme (simulant ici un intérêt pour les victimes israéliennes du terrorisme du Hamas), de l'autre le RN continue son narratif sur l'Algérie coloniale avec d'un côté les méchants terroristes du FLN et de l'autre leurs victimes.

Nicolas Lebourg, spécialiste de l’extrême droite, déclare à la presse  dans un article publié le 19 mars 2024 que : l’"analogie entre FLN = djihadisme" est portée par l’extrême droite depuis bien longtemps. Depuis 25 ans." https://www.lindependant.fr/2024/03/19/la-ville-de-perpignan-organise-une-exposition-liant-fln-et-hamas-lhistorien-specialiste-de-lextreme-droite-nicolas-lebourg-decrypte-une-analogie-historique-11836068.php
Concernant l'Algérie coloniale, à la lecture de Benjamin Stora ("Histoire de l'Algérie coloniale (1830-1954)") on peut opposer au narratif simplificateur de la mairie de Perpignan une lecture scientifique et complexe de l'Algérie coloniale. Avant la violence du FLN, il y avait des inégalités et de la violence contre les autochtones musulmans : massacres, inégalités juridiques, destructions du monde rural, pauvreté et répressions contre les opposants pacifiques.


**En guise de conclusion

Perpignan est le laboratoire d'un narratif d'extrême droite. Le rapprochement entre anticatalanisme et apologie du colonialisme est cohérent idéologiquement. Jacobinisme anti langue régionale et colonialisme sont deux cousins idéologiques : s'installer chez les autres tout en niant la culture et l'histoire des autochtones (Catalans, Algériens...). 

On peut remarquer qu'un certain catholicisme traditionaliste (voire intégriste)  joint régulièrement les acteurs d'un contre-catalanisme (le roussillonais opposé à la langue catalane) et les acteurs d'une apologie de l'Algérie coloniale.

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