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Contexte de ce bilan 3 ans : la présentation au Casal le 29/06/2023
A cette croisée du mi-mandat (2020-2023) de Louis Aliot à la mairie de Perpignan, il est possible de construire une réflexion sur un maire Rassemblement National dans une ville de plus de 100 mille habitants. Cette réflexion repose sur un ensemble d’innombrables faits répartis en 14 thématiques, de la sécurité à la démocratie.
Et il faut souligner un aspect transversal de ces thématiques : la communication. Cette dernière est caractérisée, au départ, par l’ostentation du visage du nouveau maire, puis la communication devient de plus en plus prolifique, avec de multiples messages, des grands panneaux des avenues à l’espace numérique (Facebook, Telegram…).
1. La politique de sécurité peut être décrite par une année d’installation, des aspects dans la communication, et le décalage répressif et réflexion-prévention. Au cours de la première année, les 6 premiers mois sont occupés par le maire officier de police, puis s’en suit 6 mois de délibérations de mesures répressives et de surveillance.
• Dès les premiers jours, le nouveau maire va clamer sa volonté de lutter contre « la voyoucratie ». Puis il va prendre son premier arrêté municipal contre la mendicité ou les épiceries ouvertes la nuit. Dans les mois qui suivent le premier édile va recruter un nouveau directeur de la police et réorganiser la police municipale qui désormais travaillera de nuit. Le premier poste, nouveau d’une série de postes de police municipale, sera inauguré au Palmarium.
• Pendant 6 mois, le conseil municipal développe la police et la surveillance. Il recrute près de 30 nouveaux policiers pour environ 150 policiers armés. Les Perpignanais paieront plus 600 000 euros pour 24 nouvelles caméras, ce qui représente près de 300 caméras au total. En outre, à rebours de l’ancienne municipalité qui le trouvait inefficace, la municipalité Aliot relance Voisins Vigilants et un peu plus tard, Commerçants Vigilants. Finalement le conseil municipal, vote le financement de conseil de sécurité auprès d’un prestataire de l’extrême droite ancien du mouvement Occident.
• Les deux premières années, ont été ponctuées de postes de police « vitrines ». Rapidement l’écriteau « Police Municipale » est ajouté à des bâtiments aux quartiers : du Moulin à Vent, Mailly-St Jacques, la gare, Al Sol bas Vernet. La plupart ne sont ouverts que quelques heures. Celui du Moulin à Vent est le seul où il est possible de déposer plainte auprès d’un agent de la police nationale. Finalement, il faut résumer le « feuilleton » du projet sur l’ancien hôtel-restaurant de la Cigale. Le Conseil Général avait un projet d’accueil de mineurs dont des migrants. L’ancienne municipalité puis le maire Louis Aliot s’y opposent. Louis Aliot voulait y installer un poste de police municipal couplé à un projet d’accueil de femmes victimes de violences conjugales. Le Conseil Général gagne tous ses procès.
• Dans la presse locale ou spécialisés, apparait le nom de sections de groupes de polices qui couvrent le champ du trafic de drogue (le GOST,) aux incivilités (le FAP) en passant par la brigade de médiation prévention.
• La communication sur la sécurité peut être décrite par son espace (panneaux des avenues, et numérique) et par certaines thématiques. On trouve la thématique de certains lieux de trafics de drogue comme Les Oiseaux ou Betriu.
Les étés sont marqués par la communication autour de meurtres (place Cassanyes, Clodion) créant des échanges de communiqués avec la préfecture. Finalement, cette troisième année, est marquée par la communication de la tournée Louis Aliot dans les quartiers, pour défendre sa politique de sécurité.
• Le candidat Louis Aliot avait un programme étoffé sur la sécurité dont une partie sur la prévention de la délinquance. Le bon sens, pourrait être de lancer une démarche de réflexion et de coopération dès les premiers mois. Mais la réalité c’est qu’à Perpignan la demande de conseils de sécurité est lancée à la fin de la première année. Les actions du service de médiation urbaine sont médiatisées après une critique médiatique de la prévention.
La coopération institutionnelle, via la création, d’un Conseil Intercommunal de Prévention de la Délinquance (CISPD), démarre lentement. Au cours de la deuxième année, le conseil municipal débute la démarche puis au cours de la troisième année l’assemblée de l’agglomération officialise la démarche de coopération sur la prévention de la délinquance. Aucune information sur le CISPD ne semble paraitre dans la presse. Mais il y a certains échos, via les associations perpignanaises. En effet, les associations perpignanaises reçoivent des invitations pour participer dans le cadre du CISPD à des ateliers sur le radicalisme islamique.
• Au bout de trois ans de politique de sécurité, on peut esquisser une description des effets sur les différentes criminalités à Perpignan. A la fin de l'été 2022, le ministère envoie des renforts. En mai 2023, la préfecture note une baisse des vols avec violence et de la délinquance sur la voie publique. Mais selon les chiffres du ministère de l’intérieur, il y a une dégradation des chiffres sur la criminalité au cours de l’année 2022 à Perpignan : violences sur personnes (de coups et blessures volontaires, sexuelles) ou sur les objets. Les vols avec violences restent élevés pour ce type de métropole.
2. Les figures d’autorité et le drapeau français sont parmi les symboles mis en avant par cette municipalité.
• Pendant ces trois années, Louis Aliot a choisi de participer à presque tous les hommages relatifs à des figures d’autorité. Il essayera d’être présent pour les soldats et fin de guerre (hormis armistice de la guerre d’Algérie).
• Pour la police, que ce soit pour la nationale, la municipale ou des faits divers, Louis Aliot utilise l’espace urbain ou le conseil municipal pour mettre en avant le travail des policiers. Le conseil municipal, dans un contexte de violences contre les manifestants, peut servir de tribune pour un soutien, sans nuances, de la police.
• Concernant le drapeau français on peut constater un usage particulier. En dehors des célébrations nationales, on peut observer des avenues perpignanaises arborées de drapeaux français. En 2021, c’était par exemple le cas quelques jours avant le lancement de la campagne des régionales du Rassemblement Nationale. Les couleurs françaises sont apparues autour des cadres à l’écran de diffusion du conseil municipal. Finalement la deuxième année, a commencé les activités pre-estivales de Perpignan bleu-blanc-rouge avec notamment le concours du plus beau balcon tricolore.
3. Un maire en relation dans et hors de la mairie. Pendant ces trois années, le maire de Perpignan a développé un nouveau réseau et tenté de nouvelles coopérations.
• Les recrutements de directeurs sont peu médiatisés mais certains sont récurrents en raison des vacances. Louis Aliot recrute rapidement le premier directeur de cabinet qui sera remplacé lors de la troisième année. Ce dernier serait actuellement en partance. Le directeur des relations publiques et le développeur du Centre Ville, ne font pas parler d’eux. En 2021 c’est le recrutement d’un directeur de la communication, issu de Valeurs Actuelles. Il part au bout de quelques mois et son poste et toujours vacant à la fin de la troisième année. Les fonctions sont occupées par l’adjointe, également femme de Louis Aliot. Au cours de la deuxième année, le directeur du Théâtre de l’Archipel apprend son « licenciement » et son poste reste vacant pendant un an. Après des mois de conflit entre les collectivités partenaires et la mairie de Perpignan, le ministre de la culture accepte la nomination de l’ancienne adjointe proposée par Louis Aliot.
• Peu d’informations sont médiatisées sur les relations du nouveau maire avec les employés municipaux. Au cours des premiers mois, Louis Aliot met en place une « charte de courtoisie » pour, semble il, « faire baisser les tensions ». En outre, on peut établir une relation entre les thématiques clés (propreté, sécurité) du candidat et les préavis de grèves. La première année, se déclenche de préavis de grève concernant le service propreté urbaine. Puis en deuxième année, c’est autour de la brigade municipale de nuit.
• La majorité municipale formée autour de Louis Aliot a été marquée par des départs et des arrivées polémiques. Au cours de la première année, apparait le départ de Bernard Réyes. Et cette troisième année, c’est autour de Charlotte Caillez de démissionner. La deuxième année, est marquée par le déplacement venant de la minorité vers la majorité Aliot, de Jean Casagran et Jean-Luc Antoniazzi. Ce dernier, avait fait polémique, en diffusant au cours du conseil municipal, des rumeurs de prières musulmanes dans une église.
• Côté institutionnel, le cas le moins médiatisé mais le plus édifiant est celui de la préfecture. Hormis les échanges tendus autour des meurtres estivaux, il y a très peu de traces dans la presse. En revanche, un chercheur a publié dans une revue spécialisée, certains des griefs des agents préfectoraux contre le maire Louis Aliot. Ils notent « un fable intérêt pour l’habitat, l’éducation prioritaire et l’économie ». Ils considèrent que Louis Aliot est « suiviste » voire pratique « la chaise vide ». Et qu’il « n’agit pas» en attendant que l’Etat le « victimise ».
4. Mairie Aliot et élections locales. Après l’élection du nouveau maire de Perpignan, on peut constater certains aspects invariants dans le cadre des élections locales.
A noter que les chercheurs ont produit de nombreuses analyses accessibles en ligne : perpignanlaboratoiresocial.fr . Cependant il semble important de souligner quelques aspects.
• Il y a un contraste entre le nombre de voix, du Rassemblement National dans le département et Perpignan, pour les élections nationales/européennes et les élections locales. Ces trois dernières années, le Rassemblement National, a augmenté le nombre de voix pour les élections nationales.
En revanche, le Rassemblement National cumule de moins en moins de voix au niveau local. Et donc une victoire RN est actuellement un paradoxe. Par exemple, Louis Aliot avait perdu la mairie avec 17 000 voix et il a gagné avec 15 000 voix. De même, le Front National perdait avec près de voix 3000 voix sur le canton Canhoes-Perpignan et Louis Aliot y a gagné en 2022 avec moins de 2000 voix.
• Ces 15 000 voix à Perpignan ont couté au RN près de 169 000 euros.
• La première élection à gérer par la mairie Aliot a été difficile. Il n’y avait pas assez de volontaires pour la double élection (département, région) de 2021 et la municipalité s’est engagée dans l’illégalité. Le conseil municipal avait voté une rémunération pour les assesseurs. Quand ils s’en sont aperçus ils ont envoyé un email à toutes les associations perpignanaises pour leur rappeler leurs devoirs civiques.
• Le Rassemblement National, pour ces tracts ne fait pas travailler au niveau local mais continue d’employer l’Imprimatur de Limoges. • En 2021, on constate pour les candidats RN une certaine « endogamie » auprès des frères ou sœurs de conseillers municipaux, du cabinet du maire ou d’attachés parlementaires.
5. La politique culturelle est aussi liée dans notre analyse aux thématiques du rapport à l’Histoire, à la catalanité, et aux religions. Mais de façon générale on peut mettre en reliefs certains aspects de cette politique culturelle.
• Il faut se rappeler que cette politique culturelle a été contrainte pendant près de 2 ans par les restrictions sanitaires du covid.
• C’est au cours de cette première année qu’est apparu : les blocs de street art (l’Art prend l’Air), la première exposition sur la guerre d’Algérie (assassinats du FNL), Têt en fête qui avec Les Rayonnantes remplaceront les Jeudis de Perpignan.
• L’adjoint à la culture évoque parfois une identité culturelle méditerranéenne ou une « destination dalinienne ».
• Après une polémique le nom de Walter Benjamin disparait du Centre d’Arts Contemporains.
• La municipalité semble mettre l’accent dans la communication par moment sur des icones du catholicisme. En cette fin de troisième année, un exemple est l’exposition d’Emile Mustacchi dont le visuel met en avant un Jésus recevant la lumière divine. L’artiste déclara ne pas comprendre ce choix alors qu’il n’a pas de religiosité et que ses œuvres sont marquées par des femmes nues et des caricatures.
• Dans les animations estivales de 2022 sur l’histoire, on trouve Franck Ferrand considéré par des historiens comme adepte du Roman National.
• Après l’annulation des Déferlantes à Perpignan, Louis Aliot pointe « l’intolérance » et « le sectarisme ». Mais d’un autre côté, les propos du premier édile cachent une vision consumériste de la culture et des artistes.
• Finalement la presse évoquait ces derniers mois l’existence d’associations « étouffées ». Dans le champ de la culture, l’article citait Pyrénéon (chemin de la Paille) qui subirait un harcèlement de la police nationale.
6. La municipalité Aliot révèle un certain rapport à l’Histoire notamment pour la période de la seconde guerre mondiale et à la guerre d’Algérie.
Je me demande si au-delà des thématiques de droite et d’extrême droite, ces façons de voir l’Histoire ne sont pas un prolongement de la manière d’enseigner l’Histoire jusqu’aux années 1950 (ex « nos ancêtre les Gaulois », les rois, « nos belles colonies »…). Lire Suzanne Citron « Le mythe national : l'histoire de France en question ».
• Sur la période de la seconde guerre mondiale, on peut considérer que Louis Aliot œuvre à une dédiabolisation du Rassemblement National. Il participe à tous les hommages des victimes du racisme et à l’antisémitisme et fait l’éloge de la Résistance. A des lettres anonymes de critique de sa municipalité, il rétorque en 2023, «les résistants que nous sommes ne répondent jamais aux courriers anonymes…».
• Mais sur la guerre d’Algérie et l’Algérie française ressort une lecture d’extrême droite de l’Histoire.
L’exposition en 2021, sur les crimes du FLN et suivie en 2022, pour les 60 ans de l’armistice, d’une séries d’activités d’un budget de 100 mille euros pour « Perpignan capitale de l’Algérie française ».
En outre, la communication autour du « massacre de la rue d’Isly » en Algérie en 1962, favorise une culture victimaire chez la communauté pieds-noirs.
Le conseil municipal approuve l’installation d’une plaque « Pierre Sergent » nom d’un terroriste de l’OAS responsable d’assassinats en Algérie et en France métropolitaine. Concernant la stèle pro OAS au cimetière du Vernet, l’ancien maire était « sympatisant » mais il acceptait à la demande du préfet de fermer le cimetière le jour de la « célébration ». Louis Aliot en 2023 maintient ouvert le cimetière et le préfet interdit les manifestations des opposants aux abords du cimetière.
Finalement, il faut souligner le slogan répété, les premières années, lors des expositions sur l’Algérie française : « A Perpignan, nous rendons hommage aux victimes, pas à leurs bourreaux ». Slogan qui fausse la vision complexe de l’histoire de l’Algérie française en l’enfermant dans l’aspect des assassinats du FLN. Slogan qui éloigne de la prise de conscience d’une pluralité de violences (massacres, spoliation, acculturation..) issues du système oppressif colonial.
7. La municipalité Aliot est responsable d’un certain recul de la catalanité à Perpignan. En mars 2021, Perpignan la Catalane est remplacée par un slogan de camping : Perpignan la Rayonnante. Et Louis Aliot peut répéter à chaque polémique qu’il n’a rien contre la culture catalane, un ensemble de d’évènement conforte l’idée d’une certaine opposition à la langue et culture catalanes.
• En 2021, la polémique sur le lycée catalan de la Bressola a "déclenché l’alerte" dans la presse. Mais il y avait déjà des signes en 2020. La mairie de Perpignan avait l’habitude de mettre gracieusement à disposition de la Bressola une ATSEM catalanophone. En décembre 2020, le conseil municipal vote pour désormais une attribution payante. Et pour la Bressola ce n’était que le début. Pourtant en 2020 la direction de l’association avait présenté un projet de lycée catalan sur un site perpignanais à la nouvelle municipalité et sans rencontrer d’opposition manifeste. Mais la direction de Bressola découvre en 2021, que la mairie a préempté le site sans avertir. S’en suivra plusieurs procès que perdra la mairie.
• En dehors du logo religieux de Perpignan la Rayonnante, apparait sur certaines annexes mairies des « logos alternatifs ». Comme celui avec deux tours, dont les spécialistes ne voient pas le rapport avec l’histoire de Perpignan.
• A certaines périodes des panneaux « Perpignan la Catalane » ou « Perpinyà » à l’entrée de ville disparaissent momentanément.
• Le discours du maire du 11 novembre peut prendre des accents catalans. Louis Aliot évoque le sacrifice des Catalans pour la France et qu’une nation ce n’est pas une langue.
• En 2022 apparait une « Fête Catalane » sans langue catalane. Et la Sant Jordi 2023 et sa communication parfois bilingue semble faire exception par rapport à ces trois dernières années.
• Finalement un cycle de relations se termine avec Barcelone et la Catalogne. L’ancien maire avait abandonné la délégation à Barcelone et Louis Aliot vend en 2023 ces locaux.
8. La municipalité Aliot n’est pas neutre par rapport à trois religions à Perpignan. La communication municipale et Louis Aliot aborde différemment l’image catholique, le rapport à la communauté juive, et la question de « l’islam ».
• On peut remarquer une communication de catholicisme d’apparat pour la municipalité et certains élus Aliot.
Des évènements habituels de Perpignan comme Musique Sacré ou la Sanch semblent prendre une ostentation inhabituelle dans l’espace des avenues et numérique.
Concernant les crèches, la municipalité Aliot ne défend pas la laïcité en l’exhibant tous les mois de décembre dans la mairie et cela malgré les procès perdus.
Une curieuse association, langue et culture catalanes avec le catholicisme, s’effectue avec la participation d’élus de Louis Aliot. Certains participent à la bénédiction des roses pendant la période de la Sant Jordi. D’autres participent à une messe pour « Jaume III ».
L’épisode en 2023, du conseiller municipal en charge de l’eau qui organise une procession pour faire tomber la pluie, a mis, médiatiquement, en relief l’influence d’un catholicisme traditionnaliste voire intégriste à Perpignan. La presse soulève la présence d’élus d’Aliot dans des messes royalistes.
Evènements que l’on peut mettre en perspective avec le mémoire de Ludovic Piquemal sur les « Groupuscules et mouvements d'extrême droite hors Front National dans les Pyrénées-Orientales 1984-2003 ». Il met en évidence des relations entre les mouvements royalistes et les mouvements catholiques traditionnalistes perpignanais.
• La relation municipale avec la communauté juive participe à la dédiabolisation du Rassemblement National.
Comme évoqué précédemment Louis Aliot participe depuis le début aux hommages aux victimes de l’antisémitisme. Cela s’inscrit dans le parcours du cadre du Rassemblement National qui avait déjà tenté des relations avec la communauté en France et Israel. Lire « La main du diable Comment l'extrême droite a voulu séduire les Juifs » de France Judith Cohen-Solal, Jonathan Hayoun.
Ce rapprochement s’effectue aussi avec des « bonnes fêtes » religieuses juives voire avec l’installation d’un chandelier juif devant la cathédrale pour la fête de la lumière.
Finalement l’évènement le plus médiatisé a été éloge de Serge Klarsfeld et l’acceptation de la médaille de Louis Aliot.
• L’islam est évoqué indirectement ou suggéré dans la communication de la mairie.
Les musulmans sont rarement mentionnés à Perpignan. Parfois ils reçoivent un souhait de « bon ramadan pour les musulmans et en particulier les harkis musulmans ». Ces derniers renvoient à l’Algérie française.
La mairie défend les droits des femmes quand il s’agit des femmes iraniennes (« Contre le port du voile, symbole de l’oppression des femmes, Perpignan est solidaire des femmes iraniennes! »).
En outre, Louis Aliot défend la laïcité lorsqu’il est question du terrorisme islamique (« arbre de la laïcité ») ou du « radicalisme » islamique (« charte de la laïcité »).
D’ailleurs, pour rappel, les premiers échos, de la coopération institutionnelle sur la prévention de la délinquance, concernent la lutte contre le radicalisme.
9. Perpignan a accueilli les réfugiés ukrainiens. Cet accueil de réfugiés n’était pas une évidence dans la mesure où Louis Aliot avait refusé en août 2021 d’accueillir des réfugiés afghans.
Dans les jours qui ont suivis l’invasion de l’Ukraine, le conseil municipal déclare sa décision d’accueillir des ukrainiens. De plus, la municipalité aide à affréter un autobus et Louis Aliot ira lui-même en Ukraine.
En outre, la mairie communique sur l’arrivée des réfugiés et sur les logements qu’elle aurait trouvé.
La municipalité finance un accueil dans les écoles perpignanaises et le recours à une traductrice. Et Perpignan se jumelle avec une ville ukrainienne.
La mairie concours également au recueil de don, à la célébration de la fête nationale ukrainienne à Perpignan et à des cérémonies religieuses.
Finalement, la presse nationale révèle que Louis Aliot a exercé des pressions sur les organisateurs de Visa pour l’Image 2022 pour que des ukrainiens montent sur une estrade pour une cérémonie.
10. La communication sur l’écologie est récurrente.
• La communication municipale s’accompagne d’éléments de langages concernant le « vert » en ville : la « nature en ville », la « forêt urbaine », le « quartier fertile », ou la « diagonale verte ». Derrière ces slogans se trouve des projets de l’ancien maire ou des projets portés par des associations avant l’arrivée de Louis Aliot à la mairie.
• En parallèle à la communication municipale, des permis de construire permettent de couper des arbres centenaires ou dans le cas de l’avenue du Lycée, s’effectue des coupes excessives d’arbres. Actions accompagnées d’éléments de langage comme « Protection et sécurité du citoyen » et « préserver le cadre naturel urbain ».
• Le masque de l’écologie tombe quand il s’agit de défendre la voiture « reine » à Perpignan. Cette troisième année, a été marquée par une polémique autour de la Zone à Faible Emission (ZFE) qui vise à réduire le nombre de morts par la pollution automobile dans les grandes agglomérations urbaines. Louis Aliot a tenté de s’approprier la défense des automobilistes aux faibles revenus. La mairie a communiqué sur la « fracture territoriale et sociale ».
Mais aucune proposition n’est apparue sur les transports en commun ou le covoiturage.
• Concernant le vélo, la municipalité réitère sa communication sur les mystérieux « 220 kilomètres de pistes cyclables ».
Contraste avec son classement. En effet, Perpignan est en bas de classement des villes de 100 mille habitants. En particulier, en raison du manque d’infrastructures et de continuité.
• La comparaison entre les numéros du magazine municipal du printemps révèle une évolution du discours sur la nature. De 2021 à 2023, on passe de la « nature en ville » à la « nature à préserver ». La réalité avec la nécessité de faire des économies d’eau, s’impose au discours.
Par ailleurs, ce printemps 2023 semble être, les prémices, d’une propagande d’une municipalité « écolo » faisant des économies d’électricité et d’eau.
11. A Perpignan, il y a une certaine « tradition » des mobilités et des aménagements urbains. Le maire Louis Aliot s’inscrit dans des décennies de voiture « reine » et de choix d’aménagements.
• Selon les historiens, le plan d’urbanisme de 1950 n’a pas été mis en œuvre. Concernant le Plan d’Occupation des Sols de 1967, ne débute qu’en 1985. En outre, les chercheurs notent que de 1959 à 1967 des projets sont lancés, sans plan d’ensemble. Finalement ils observent que Paul Alduy a favorisé le stationnement automobile. Lire "Nouvelle Histoire de Perpignan" des Editions Trabucaire. Ouvrage collectif sous la direction de Patrice Poujade Coordinateurs : Isabelle Rébé, Patrice Poujade, Aymat Catafau .
• Le candidat Aliot avait fait des promesses pour améliorer le stationnement automobile. Cela se traduit aujourd’hui par l’augmentation de la gratuité de 18h30 à 18h, et tout le samedi. Mais à rebours de cette gratuité, est apparue des projets de nouvelles zones payantes.
A St Assiscle, avec l’opposition des riverains la mairie renonce. Et mise en place sans polémique aux Remparts et à St Jacques. Finalement le prestataire a été renouvelé jusqu’au prochain mandat.
• Le transport public ne semble pas avoir changé hormis quelques navettes gratuites pour les étudiants se rendant au site Mailly.
• Pour les piste cyclables, il y a surtout un projet en suspend (piste le long des pistes des berges de la Basse) et un projet en périphérie (des Jardins St Jacques au Mas Llaro).
• Les trottinettes électriques ont été mises en place avant l’arrivée de Louis Aliot. L’usage sur les trottoirs fait polémique. Et la renégociation de la convention avec le prestataire est en cours.
• On peut aborder le projet « d’entrée de ville » sous l’angle des mobilités et la communication. Le projet « d’entrée de ville » ne semble pas être un projet du candidat Aliot mais plutôt du candidat Pujol.
L’idée globale, est que les automobiles traversant Perpignan du nord au sud ne passent plus par le Pont Arago. Mais au bout de trois ans, la question des stationnements vers la Têt n’est pas fixée. En décembre 2020, il était question d’un bâtiment de 4 étages pour 600 voitures, et en début 2023 il n’en serait plus question. Finalement, c’est un projet avec ses propres éléments de langage : « transformation radicale », « espace plus esthétique » et surtout le « projet phare du mandat ».
• Parmi les aménagements il y a les projets de l’ancien maire comme le square Jantet Violet et le Jardin Terrus relié avec une passerelle "inutile" à 600 000 euros. Il y aussi l’inauguration de l’extension du Parc Sant Vicens servant par exemple à la Fête de la nature.
• La majorité Aliot a abandonnée les projets dispendieux de Tiers lieux ou de grande salle au Vernet.
• De aménagements sont en cours concernant la modernisation du Parc des expositions, une nouvelle médiathèque au Vernet, et un Museum d’Histoire Naturelle repensé.
• En fin de cette troisième année, dans un contexte de carence d’accès aux soins, Louis Aliot inaugure avec d’autres institutions une maison de santé pluridisciplinaire sur l’ancien site des Beaux Arts.
• Concernant le mobilier urbain il faut mentionner la mise en place de WC publics payants par carte bancaire ou le projet de corolles ombragères.
• Louis Aliot s’inscrit dans une tradition de démolitions. En 2021, Betriu est démoli et l’ilôt Puig est rasé. Et en janvier 2023 l’îlot Llucia-Carola-Potiers a été démoli. 22 mai retour des ménages. Et opacité de l’appel d’offre avec une certaine conception de la "concertation" du 1er au 30 juin 2023.
• Dans le domaine de l’urbanisme, et sur la question des associations « étouffées », la presse cite l’Atelier d’Urbanisme. Ils ont reçu une lettre de la mairie en décembre 2022 pour leur demander de vider les locaux.
• Finalement il y a un obscur projet de Puy du Fou Catalan sur le site du Serrat d’en Vaquer.
12. Une certaine politique sociale avec la municipalité Aliot. Pour certains aspects, la municipalité Aliot pourra défendre un bilan avec des mesures sociales allant de l’éducatif à la santé. Mais le diable se cache dans les détails.
• L’année 2021, est l’année du lancement « Permis, sport et emploi » pour 50 jeunes, et le financement de cours pour adolescents (le « décrochage scolaire, grande cause municipale »). Deux démarches financées entre 80 et 100% par l’Etat. Finalement, cette année est marquée par l’augmentation des subventions aux associations alimentaires (Croix Rouge, Banque Alimentaire, Restos du Cœur). • La plupart des musées sont gratuits.
• Côté santé, une Maison Pluridisciplinaire de Santé vient d’être inaugurée et des « points santé » à St Jacques et St Mathieu.
• Parmi les associations « étouffées », la presse cite ATD Quart Monde qui se retrouve avec un immeuble à démolir, et le Foyer Laique du Haut Vernet qui pourrait être évincé par une association proche de la mairie.
• Finalement, le collectif El Burro alerte en 2022 que la mairie demande un justificatif de travail des 2 parents pour pouvoir s’inscrire à la cantine scolaire. Ce qui est contraire au code de l’éducation.
13. Municipalité Aliot et sport. Peu de changements visibles concernant les clubs pendant ces 3 années, mais un certain « glissement » dans la relation aux associations.
• Côté clubs de sports, on peut remarquer la dissolution puis création d’un club de basket, et le « pari » sur un club de football américain (Les Grizzlys Catalans).
• En cette fin de troisième année, on peut constater un « glissement » dans les relations avec les associations. Les associations reçoivent un courrier de l’adjoint au sport leur demandant d’être invité aux assemblées générales comme si c’était « d’usage ». Le seul « usage » c’est d’inviter les financeurs d’une association.
En outre, depuis l’arrivée de Louis Aliot, certaines maisons de quartier demande le bilan d’activités et financier même s’il n’y a pas de demande de subvention.
14. A Perpignan, un certain rapport à la démocratie. Si les premiers mois, pouvaient être marqués par des améliorations, des déclarations ou des décisions peuvent être considérées comme anti-démocratiques.
• Dans la mesure où les élus semblaient plus accessibles et que désormais il y avait une diffusion du conseil municipal, le début de mandat semblait une avancée en terme de démocratie municipale.
• Le candidat Aliot avait signé la charte Anticor et donc s’était engagé à mettre en place des mesures pour lutter contre la corruption. Et les premiers mois ont été marqués par l’évocation du recrutement d’un déontologue. Mais le recrutement n’a jamais eu lieu.
• Dans le domaine de la liberté d’expression on peut noter un rapport ambivalent avec la liberté de la presse. D’une part, à chaque Visa pour l’Image, Louis Aliot se présente comme défenseur de la liberté de la presse. D’autre part, il peut utiliser le magazine municipal pour dénoncer une « presse locale qui se comporte comme un adversaire politique ».
En outre, il préfère utiliser la plainte contre Josie Boucher ou le média Blast au lieu d’employer le droit de réponse.
• Certains communiqués municipaux peuvent être une remise en cause des principes de la justice en France et dans la plupart des Etats de droits. Par exemple en 2022, après le constat d’un certain échec du projet de revitalisation des commerces de la rue de la Cloche d’Or, la communication municipale remet implicitement en question les droits d’un justiciable et d’un avocat. Louis Aliot diffuse des rumeurs d’un complot de l’influenceur Nasdas pour installer une « rue de commerces halals ». Le conseil municipal préempte les commerces mais surtout publie un communiqué diffamant titré « «L’Influenceur Nasdas prend comme avocat un défenseur de Daesh». Les deux mis en cause ont porté plainte.
• Certaines manifestations sont interdites. En décembre 2022,
Amnesty International et d’autres associations ont été interdites de stand, car la municipalité « ne souhaitait pas politiser la période de Noël ».
• De façon générale, la municipalité pratique peu ou pas la concertation ou la consultation. En conseil municipal, au reproche fait par un élu de la minorité municipale Louis Aliot répond :
« la première consultation c’est leur vote lors des élections ».
Après avoir analysé les trois années de Louis Aliot maire de Perpignan, au travers de 14 thématiques, on peut essayer de répondre à cette question : La mairie Aliot a-t-elle des liens avec des mouvements d’extrême droite? Si le terme de « fasciste » est inapproprié pour qualifier cette municipalité, force est de constater qu’il y a une « galaxie » de liens avec différents mouvement d’extrême droite :
• L’intrusion d’extrême droite, en mars 2023, de la réunion NUPES Perpignan est composée en partie, d’anciens membres du Rassemblement National local,
• La mairie fait l’éloge de l’Algérie française voire du terrorisme de l’OAS,
• Pour la communication, la municipalité recrutait du côté de Valeurs actuelles, Les conseil en sécurité ont été recherchés auprès d’un ancien d’Occident qui par ailleurs a participé à la lutte patronale contre les syndicats (lire Frédéric Charpier « De l’extrême droite au patronat : Madelin, Devedjian, Longuet et les autres, Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours »),
• Finalement, il ressort que certains conseillers municipaux d’Aliot s’affichent dans des messes royalistes.