Il y a un an, j’ai récapitulé les diverses causes de l’élection. J’ai également résumé les décisions du nouveau maire dans de nombreuses thématiques.
Depuis un an je continue à décrire, chaque trimestre, les différents aspects de sa politique via le blog «Chez Louis à Perpi » .
Je continue à proposer de nombreuses informations concernant des thématiques de la sécurité à l’économie. Je vous propose ci-dessous un résumé et une analyse de ces thématiques depuis deux ans.
Comme écrit il y a un an, la première année est la mise en place en marche accélérée, des aspects de répression et de surveillance de son programme de candidat.
C’est l’année de création de 5 nouveaux postes « vitrines » de police municipale. Le conseil municipal enchaine les dépenses de sécurité : 27 nouveaux agents, pare balles, armes, Voisins Vigilants, prestations de conseils en sécurité, et 24 nouvelles caméras. Ces dernières couteront plus de 600 000 euros aux perpignanais. Les conseils de sécurité commandés en fin de première année révèlent une politique de sécurité lancée avec de nombreux moyens sans comprendre la situation.
La politique de prévention se limitait à une médiation dans les quartiers et la police municipale dans les écoles.
Cette première année se termine sur la construction des murs pour chasser les dealers.
L’été 2021, commence cette deuxième année, de manière tragique pour la population perpignanaise. Les commerçants avaient averti au début de l’été de la montée des tensions et au bout de quelques semaines il s’est produit un meurtre en plein jour. En réaction, le maire décide, principalement, de fermer la place Cassagne la nuit.
Au cours des mois qui ont suivi le maire inaugure officiellement deux postes parmi les 5 nouveaux postes « vitrines » de police municipale de la première année. Officiellement « les 5 secteurs de la Ville disposent d’un poste de police de proximité». En réalité seuls 4 fonctionnent partiellement. Celui de l’ancien hôtel La Cigale en haut du boulevard Jean-Bourrat est toujours bloqué par décision judiciaire. Quant aux autres ils ne sont ouverts que de 11h à 15h et ne permettent pas encore de déposer plainte.
L’année 2022, a débuté par une campagne d’affichage dans toute la ville sur la politique de sécurité : caméras, nouveaux postes et Voisins Vigilants. Concernant la prévention, c’est enfin le lancement au conseil muncipal de décembre 2021 du CISPD, le Conseil Interrcommunal de Sécurilé, et de Prévention de la Délinquance. Il a fallu un an et demi pour commencer le lancement, de cet outil de coopération institutionnelle dans le domaine de la prévention de la délinquance. Il faut noter que cette décision c’est fait dans la plus grande discrétion : très peu de débat au conseil municipal et aucune communication de cette création de la part de la mairie. On peut se demander si les informations privées échangées lors des réunions du CISPD seront utilisées à bon escient.
On peut s’interroger comment va se mettre en place la « cellule de lutte contre les discriminations », ou le « le lien inter-services pour régler avec humanité les problématiques résultant de l’augmentation du nombre de SDF », ou la « coordination des actions de prévention, de repérage précoce et de prise en charge des addictions et particulièrement pour les jeunes ». Il est fort à parier que cette mise en place ne sera pas ébruitée vers son électorat traditionnaliste.
De la conférence de presse au Facebook de la ville de Perpignan, en passant par les panneaux d’affichage, la communication du maire Louis Aliot et de sa municipalité est omniprésente. Il est impossible de tout suivre. Il est également très difficile de la schématiser simplement. Au cours d’une semaine le Facebook municipal, communique aussi bien sur l’artisan d’une ruelle que sur un projet de plusieurs millions d’euros.
Néanmoins il est possible de proposer une lecture chronologique de certaines thématiques comme la liberté de la presse, l’écologie, le rapport à la religion catholique, une opposition à l’identité catalane, le drapeau français, l’Armée française, l’Algérie française et plus récemment sur l’accueil des Ukrainiens. Il y aussi des formes de consultations au cours de la seconde année, qui sont inégalement traitées par la communication.
*La liberté de la presse
Depuis deux ans, le maire proclame, à chaque fois, à Visa pour l’Image qu’il est le défenseur de la liberté de la presse mais il utilise le magazine de la Ville pour dénoncer une presse locale « adversaire politique ».
*L’écologie
Concernant l’écologie, la communication est utilisée pour annoncer « la nature en ville » ou la « forêt urbaine », le lancement de« quartier fertile », la création d’une « diagonale verte ».
Au mieux ces éléments de langage annoncent un projet écologique déjà défendu par des collectifs avant l’élection, comme cette professeure d'art plastique au collège du Ribéral à Saint-Estève, qui travaille avec ses élèves depuis plus de deux ans sur l'implantation d'une "forêt indigène" qualifiée aussi de "forêt urbaine".
D’autres éléments de langage cachent un simple parc, avec beaucoup de pierre et du gazon irrigué.
Au pire, enfin, on peut évoquer aussi des services qui continuent à recouvrir le pied des arbres d’un revêtement synthétique. Ou des permis de construire, octroyés, qui autorisent la destruction de chênes centenaires dans certains quartiers.
*Le rapport à la religion catholique
Louis Aliot continue la tradition de l’ancienne municipalité d’une proximité officielle avec les célébrations catholiques.
Le nouveau maire reçoit également la crèche à l’hôtel de ville, et participe à la bénédiction des roses de la Sant Jordi.
Via la communication de la mairie, les administrés peuvent savoir également que le maire visite personnellement les écoles catholiques ou assiste à diverses cérémonies religieuses. Il faut rappeler également le nouveau logo à connotation religieuse.
En totale contradiction, le 15 octobre 2021, entouré des élus municipaux de la majorité et de l'opposition, Louis Aliot dépose une gerbe devant l'arbre de la laïcité…
*Le rapport à l’identité catalane de Perpignan
En 2021, l’arrivée du nouveau logo, s’accompagne de la disparition de « Perpignan la Catalane » pour être remplacé par « Perpignan la Rayonnante ».
Les premiers signes d’effacement, existaient dans la décision très discrète, en décembre 2020, de réduire l’aide humaine, pour l’école catalane La Bressola. L’automne 2021, un certains nombre d’évènements renforce l’idée d’une hostilité à la culture catalane : blocage du projet de collège-lycée la Bressola à Perpignan, mystérieuses disparitions de panneaux « Perpinyà » ou « La Catalane », drapeau d’Espagne à la mairie de Perpignan, médaille au Consul d’Espagne, allusion à la langue catalane lors du discours du 11 novembre, et apparition sur certaines annexes mairies d’un écusson avec 2 tours, contesté par les spécialistes.
*Le drapeau français
Hors fête nationale, des drapeaux français et les couleurs tricolores s’insinuent progressivement dans l’espace urbain et médiatique de Perpignan.
Fin avril 2021, les avenues perpignanaises sont arborées de drapeaux français. Le 1ier mai 2021, c’était le lancement de la campagne éléctorale du RN. Le 1ier mai 2022 il n’y avait pas de drapeaux…
Au cours de l’automne 2021, la présentation de la vidéo de diffusion du conseil municipal de Perpignan change. Désormais les encadrés des personnes qui parlent sont entourés d’un bleu-blanc-rouge.
En juin 2022, le conseil municipal lance pour l’été «Perpignan bleu-blanc-rouge » : concours du plus beau balcon tricolore, cinéma en plein air, fête de la citoyenneté, apéros républicains…
*Les hommages aux soldats et à l’Armée
Louis Aliot est un maire qui choisit de participer à presque tous les commémorations militaires de Massoud à l’appel du 18 juin. L’exception flagrante est son refus officiel de participer à la commémoration du 19 mars (cessez-le feu de la Guerre d’Algérie).
*Le rapport à l’Algérie française
Louis Aliot continue la tradition de l’ancienne municipalité (stèle de l’OAS, Centre de Documentation des Français d'Algérie) de nostalgie de l’Algérie française.
Au mois de mars 2021, c’est l’"exposition de rétablissement de la vérité concernant la guerre d'Algérie".
Les commémorations de 2021 ne s’arrêtent pas là : en juillet hommage aux pieds-noirs et harkis, en septembre l'inauguration sur l’Algérie en guerre et la stèle Harkis, et en décembre hommage aux morts pour la France lors de la Guerre d'Algérie.
Mars et juin 2022 sont très riches de commémorations médiatisées : -en mars exposition de photos ("À Perpignan nous rendons hommage aux victimes, pas à leurs bourreaux."), -en juin «60 ans après Perpignan capitale des français d’Algérie», commémoration que proposera l'association pied-noire du Cercle algérianiste (dont Inauguration salles dédiées à la Mémoire des Harkis, à l’Armée d’Afrique, et Inauguration du Square Mourad Kaouah, ancien député d’Alger, défenseur de l’Algérie française...).
*L’accueil des ukrainiens
En août 2021, Louis Aliot s’était exprimé contre l’éventualité d’accueillir des réfugiés afghans à Perpignan, après la reprise de Kaboul par les Talibans.
En revanche, très vite après l’invasion de l’Ukraine, le maire s’est fortement impliqué dans la communication et les actions en faveurs des ukrainiens : organisation du recueil de dons, déplacement personnel pour aller chercher les réfugiés, jumelage, gratuité scolaire, aide pour trouver des logements…
Plus récemment en juin 2022, la mairie organise une exposition d’œuvres suivis mise aux enchères pour récolter de nouveaux dons.
*Communication et consultation
Il y aussi des formes de consultations au cours de la seconde année, qui sont inégalement traitées par la communication.
Au cours de la deuxième année, la mairie dévoile l'étude de Christophe Gervasi, un sondeur et politologue ", lié au Front national. Etude réalisée en juillet 2021 sur les attentes et les jugements des Perpignanais concernant la politique municipale et parue dans le journal de la Ville du mois d'octobre 2021. Ce type d’enquête se base sur un panel très réduit, entre 8 et 10 personnes conviées à des réunions de 3 heures environ. Dans le cas de Perpignan, Christophe Gervasi choisit 3 groupes de 7 personnes pour mener son enquête. L’opposition au conseil municipal de décembre 2021 qualifie de « gaspillage d’argent public » les 26.400€ déboursés pour l’étude d’opinion.
En septembre 2021, la presse informe que la mairie de Perpignan a lancé une consultation en ligne, Mon Avis Citoyen, pour avoir le ressenti des habitants dans plusieurs domaines.
Pendant l’automne 2021, le maire et les maires de secteur dirigent des réunions publiques de quartier : « le maire à votre rencontre Bâtissons Perpignan en Grand ». Aucun compte-rendu ne semble avoir été publié de ces rencontres administrés-élus. De mes observations in situ et d’autres témoignages de ces réunions, en ressortent l’impression d’un « bureau des plaintes » (tailles des haies, saleté des rues…) loin d’un échange constructif sur la politique globale de la municipalité.
**Recrutement et nomination à la mairie de Perpignan et relations avec les employés municipaux.
La première année, c’est la nomination médiatisée des principaux directeurs. La seconde année, dans la presse il y a surtout des informations sur certains départs. On peut établir des relations entre les priorités du programme du candidat Aliot et des tensions manifestes dans certains services.
*Les premiers recrutements médiatisés
De juillet 2020 à février 2020 Louis Aliot recrute ses principaux directeurs administratifs (de cabinet, du protocole, de la police municipale, de la communication, DGS) pour appuyer sa politique. D’autres nominations (ex théâtre de l’Archipel) permettent de distinguer certains réseaux (les Républicains…).
En septembre 2021, c’est l’annonce du départ du directeur de la communication arrivé en janvier 2021. Début octobre fin du délai pour postuler et aucune information sur l’arrivée d’un nouveau directeur. Le Linkedin de Véronique Lopez, la femme de Louis Aliot, précise toujours «Directrice Adjointe Service Communication chez Mairie de Perpignan».
*Une seconde année avec peu de recrutements ou en toute discrétion ?
Le premier édile, en septembre 2021, au conseil municipal, évoque le recrutement de nouvelles directrices et du remplacement du directeur service propreté le 1ier octobre. Aucune information journalistique ne semble exister sur le sujet.
En novembre 2021, c’est la nomination très attendue du développeur du centre-ville à Perpignan dans un contexte de fermetures anciennes des boutiques du centre-ville. La première mission de quatre mois devait permettre de posera un diagnostic sur l'état précis de ce centre-ville pour poser ensuite "une stratégie ambitieuse et conquérante". Plus de 6 mois après aucune nouvelle de ce diagnostic ni des activités du développeur du centre-ville. Lors de la polémique commencée au cours du conseil municipal de juin 2022 sur des présumés commerces halals remplaçant les boutiques de la Cloche d'Or, on peut s’étonner du silence du développeur du centre-ville.
*Des départs
Après le mystérieux départ, du directeur de la communication, c’est au tour du directeur de l'Archipel qui serait contesté en interne par une partie de l'équipe de direction. Son contrat a pris fin le 31 mai 2022 et il ne sera pas remplacé immédiatement.
*Des promesses du candidat Aliot et des tensions médiatisées dans certains services
Il y a peu d’informations, sur les tensions au cœur de la mairie, depuis juillet 2020.
Au cours des premiers mois, à l’initiative de Louis Aliot, apparait la « charte de la courtoisie ».
Bernard Reyes le 23 juin 2021, écrit au préfet pour annoncer sa démission comme adjoint et reproche à Louis Aliot d'avoir confié les rênes de la municipalité à son administration et à son cabinet. Aliot l’accuse de persécuter des fonctionnaires et Bernard Reyes se dit lui-même insulté par certains des fonctionnaires de la mairie du quartier Nord (plainte et main courante à l’encontre d’un employé de la mairie depuis le 21 janvier 2021).
Le candidat Aliot avait souligné avant son élection qu’il rendrait Perpignan propre et amènerait la sécurité. Sur ces deux sujets, des nombreuses opérations sont médiatisées. L’application de ces promesses crée des tensions.
Février 2021, le syndicat Sud dénonce la réorganisation "à marche forcée" du service de la propreté urbaine. Et en février 2022, débrayage pour exprimer "un ras-le-bol" face à ce qu'ils appellent "un mauvais management", "un changement des cadences", "le chronométrage des circuits", "le traçage et le flicage des agents".
Novembre 2020, création d’une police municipale nocturne. Après des demandes répétées d’ouverture de négociations sur une prime majorée et des agents de nuit en grève se sont rassemblés pour un débrayage symbolique le 24 janvier 2022 devant les locaux de la police municipale de Perpignan. Le 14 février 2022 la radio publie qu’au moins la moitié des effectifs ont fait grève, ces derniers jours. Le 10 février les agents confiaient à la presse s’être sentis « humiliés » par les propos tenus lors du conseil municipal du 3 février dernier. François Dussobat, élu aux ressources humaines, de qualifier ainsi le mouvement du 23 janvier : « Ce qui est arrivé, ce n’est rien, il n’y a pas eu de grévistes. Il n’y a pas eu de grève ». (…) Louis Aliot d’enchaîner, il n’y a pas eu de grève et aujourd’hui le service est assuré ».
Le rôle de Louis Aliot à la communauté urbaine est peu médiatisé.
En juillet 2020, l’assemblée communautaire élit dans sa majorité un maire Républicains. Louis Aliot maire de la ville centre reçoit des attributions ou fonctions cohérentes avec cette situation : 5e vice-présidence, délégation de la politique de l'habitat, représentants au sein des conseils d'administration de l'office public d'HLM Perpignan Méditerranée, membre conseil d’administration de l'Office pour l'habitat. Au cours de la première année, des sujets très médiatisés et sont restés sous silence par le maire de Perpignan comme l’installation d’Amazon et surtout les licenciements au Conservatoire de Perpignan.
C’est en 2022, que de nouvelles tensions s’accentuent entre les élus d’Aliot et la majorité communautaire.
En mai 2022, la presse communique sur le refus changement de délégataire de transport par Kéolis. Des élus RN se sont opposés à la nouvelle gamme. Ils regrettaient des tarifs préférentiels aux bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS) et de l’Aide Médicale d’Etat (AME), alors qu'ils réclamaient la gratuité pour les réfugiés en situation régulière.
En mars 2022, les conseillers municipaux perpignanais avaient voté l’intégration dans la nouvelle agence d'attractivité de Perpignan Méditerranée Métropole, et le 22 juin les élus d’Aiot votent le retrait.
Le 27 juin 2022, la presse informe que la communauté urbaine de Perpignan va rétrocéder au 1er janvier 2023 la compétence tourisme à trois villes dont Perpignan. Récupération de la gestion du tourisme, quatre ans et demi (2018) après que cette compétence soit devenue communautaire.
Les contraintes sanitaires presque tout au long des 12 premiers mois empêchent d’analyser une construction de projet culturel pour la ville. Les jauges de l’été 2020 permettent certains évènements mais annulent d’autres.
L’année qui suit avec l’accentuation de la communication « Algérie française » est plus claire sur une partie de la politique culturelle.
Parmi les évènements communs de ces 2 années se trouvent :
-les blocs de street art,
-les expositions sur l’Algérie française,
-et Têt en fête » reconduit pour une deuxième édition, cette année. Remplaçant de fait « Jeudis de Perpignan » rendez-vous emblématique du centre-ville depuis plus de 25 ans.
Au bout de 2 ans, il semble s’être établi une normalisation avec le monde de la culture. En juillet 2020, il y avait eu des boycotts des prix Mediterranéens. Le 23 avril 2022, la 36ème cérémonie de remise des prix #Méditerranée s’est déroulée samedi, dans les salons de l’hôtel Pams en présence de Louis Aliot.
La première année, Louis Aliot a inauguré un ensemble de projets lancés par l’ancien maire (square Jeantet Violet ou l’agrandissement du Parc Sant Vicens) et abandonné des projets (Tiers Lieux aux anciens abattoirs ou la salle sport et spectacle du Vernet).
Parmi les aménagements très localisés se trouvent les toilettes publiques qui réapparaissent l’été 2021, puis tombent en panne et deviennent par la suite payantes par carte bancaire.
*Concertation introuvable
Fin janvier 2022, les commerçants se plaignent de l’absence de concertation sur l’installation de quatre corolles hautes de cinq mètres place République.
Parmi les absences de concertation, il y a aussi la découverte d’une future passerelle entre square Jeantet-Violet et le jardin Terrus.
*Les démolitions et futures reconstructions
Une deuxième année marquée par des démolitions comme les célèbres Beatriu et l’ilot Puig. Concernant ce dernier, la municipalité annonce en juin 2022 la cession de l'îlot en question pour 103 500 euros au groupe de promotion immobilière Uniti avec de l'insertion sur le chantier et une première réunion de concertation en présence de l'aménageur et de l'architecte se déroulera au mois de septembre. Le DAL alerte sur le risque de gentrification.
*Requalification de l'entrée de ville
Au cours du conseil municipal de décembre 2020 c’est la présentation du projet de requalification de l'entrée de ville. Une « entrée de ville » au nord de la Têt mais très au sud du Haut Vernet, la partie nord de la ville. Il est fort probable que ce projet soit issu des services techniques de la ville. La concertation est inexistante et l’information aux médias est irrégulière et partielle. Louis Aliot lors du conseil municipal du 22 juin 2022 avait lancé « Notre projet de requalification de l'entrée de ville sera le projet phare de ce mandat ». Ce projet, estimé à 15 millions d'euros, pourrait voir le jour d'ici la fin de l'année 2024. Ce projet doit se faire en lien avec les travaux à venir en 2024 du doublement de la rocade sud située entre le Mega Castillet et la porte d’Espagne.
Comment la mobilité entre ces deux zones sera organisée ?
*Mobilités
-Voitures
Louis Aliot continue une politique pro voiture.
La première année était marquée par une augmentation de la gratuité du stationnement de surface et de périodes de stationnement de surface temporairement gratuit. Indigo continuera sa gestion.
La période de novembre 2021 à février 2022, est marquée par la polémique du projet de stationnement payant au quartier Saint-Assiscle. Une pétition est lancée. Le collectif reproche au maire de faire ce qu’il reprochait quand il était dans l’opposition. Projet en « stant by ».
Concernant le projet pour réaménager l'entrée de ville de Perpignan il y a un objectif prioritaire : que les automobilistes voulant traverser la ville du nord au sud ne passent plus par le pont Arago. Un parking qui pourrait accueillir 350 à 400 véhicules, installé soit à l'ancienne gare des bus (près du théâtre de l'Archipel) soit, plus haut, sur un terrain aux abords de la caserne des pompiers.
-Transport public
Il semble y avoir peu de changement concernant le transport public comparé à l’ancienne municipalité hormis pour les fêtes de Noël et le campus Mailly. En décembre 2021, le petit train touristique est gratuit, jusqu’au centre-ville. Selon la presse, en 2023 la rue Jean-Payra serait réservée aux transports en commun et aux vélos, tandis que les véhicules passeraient par le quai Batllo mis à double sens. Le 30 juin 2022 la presse annonce que dès la rentrée de septembre, une navette assurera le trajet entre les deux campus de l'université (Via Domitia et Mailly). Une trentaine de rotations seront réalisées par jour de 7 h 30 jusqu'à 19 heures.
-Vélos
La première année a été marquée par une polémique sur les aménagements de l’avenue Albert Camus. Lors de la deuxième année, la polémique est revenu sur le projet de piste sur la Basse et en février 2022 le conseiller municipal répète : « rien n’est acté ! ».
Le 30 juin 2022, la presse révèle que la Ville alloue un budget de 1,5 million d'euros par an, pendant cinq ans, à la création des pistes cyclables. Parmi la quarantaine de kilomètres de pistes réservées aux vélos qui devraient sortir de terre, notamment en lien avec le projet de requalification de l'entrée de ville, une voie sera créée reliant les jardins Saint-Jacques (passant par le chemin des Glacières) au chemin du Mas Llaro.
Depuis deux ans, la mairie communique sur des mystérieux « 220 km d’équipements cyclables ». Mais pour le baromètre 2021 des "villes les plus cyclables de France", Perpignan apparaît dans le bas du classement des villes de plus de 100 000 habitants en obtenant seulement la note de F (2,49/6), ce qui correspond à un avis "Défavorable",
-Piétons
Le 30 juin 2022 la presse révèle le projet de la Ville : les rues Augustin, Fusterie, la place Rigaud, Zola et Llucia devraient être réservées aux piétons. La partie haute du quai Vauban (en face de la Chambre de Commerce et d'Industrie) deviendrait elle aussi piétonne.
En 2022, on redécouvre que la victoire aux élections est aussi une question d’argent. En effet, récemment la presse a révélé que la victoire de 2020 d’Aliot a nécessité 169 267 euros de dépenses électorales.
Depuis l’élection de Louis Aliot comme maire, deux types d’élection se sont déroulées : les locales (cantonales et régionales en 2021) puis nationales (présidentielles et législatives) en 2022. Le nouveau maire de Perpignan y joue un rôle important. Il désigne les candidats avec une relation avec les élus du conseil municipal. Pour les locales on retrouve des candidats frères ou sœurs de sa majorité municipale. Pour les législatives, les quatre candidates sont aussi ses adjointes.
Toutes ses élections, ont été marquées par une augmentation de la part de l’abstention en France et notamment à Perpignan. Abstention d’une personne sur quatre aux présidentielles, à deux personnes sur trois aux cantonales.
Les élections locales sont un échec en terme d’élus pour le RN mais aussi en cumulant moins de voix que les scrutins précédents.
Les élections nationales sont pour ses candidats une réussite en termes de nombre de voix. Les présidentielles ont été marquées par le phénomène médiatique du polémiste et candidat Eric Zemmour. Marine Lepen et Eric Zemmour représentent, en cumulé, beaucoup de voix à Perpignan. Toutefois, il faut nuancer ce résultat. Un spécialiste notera que le département bascule au Rassemblement national mais que « [lorsque] vous dirigez la ville phare, avec un moins bon score, c'est automatiquement un échec ».
Les législatives semblent une réussite totale pour les candidates de Louis Aliot. Les quatre candidates sont élues. Il faut souligner l’appel du président de la communauté urbaine de Perpignan, d’un parti rival, qui appelle au second tour à faire barrage à la gauche, au profit de la candidate RN.
Reste à observer l’effet de ces conseillères municipales et députée :
-Sandrine Dogor-Such, devient membre de la commission des affaires sociales, elle qui avait en charge cette délégation à la Ville de Perpignan où elle est adjointe depuis juillet 2020.
-Michèle Martinez, conseillère municipale de Perpignan, siégera à la commission de la défense nationale et des forces armées,
-Sophie Blanc, membre de la commission des affaires culturelles et de l'éducation.
-Anaïs Sabatini, a la commission des affaires économiques.
La première année était dominée par la politique de sécurité et bien entendu la communication. Cela ne laissait pas beaucoup de temps pour construire une politique économique, du logement et dans le sport. Les nouveautés de la deuxième année, permettent de nourrir la réflexion sur ces trois thématiques.
*La politique économique
Juste avant l’élection de Louis Aliot la ville de Perpignan traversait une nouvelle difficulté économique avec le confinement. Après l’élection le nouveau maire emploie certaines aides (taxes terrasse, ticket restaurant, stationnement gratuit) pour les commerçants du centre-ville.
Au mois de février 2021 la mairie préempte 27 commerces de la rue des Augustin en faillite avant l’arrivée du covid. Novembre 2021, arrive le développeur du centre-ville mais rien ne semble se passer. La polémique sur les commerces « halal » en juin 2022 donne l’impression d’une confusion au cœur de la municipalité.
La deuxième année est marquée par une forte implication pour l’ouverture de l’école d’informaticiens, l’école 42. Reste à savoir si ça profitera à des Perpignanais sans argent et sans diplôme.
La promesse, surprenante, d’un dispositif « Territoire Zéro Chômeur » à Perpignan continue à se faire attendre.
*La politique du logement
Dès l’automne 2020 le conseil municipal met en route un outil « bon marché » pour lutter contre le tristement célèbre habitat indigne de Perpignan : le permis de louer. En octobre 2021, l'agglomération Perpignan Méditerrané met en place un dispositif de "permis de louer".
Les résultats sortent alors :"Sur les 18 visites réalisées pour l'heure à Perpignan sur 18 demandes d'autorisation dont 16 venaient d'agences immobilières, 12 permis de louer ont été refusés».
En mars 2022, la presse rappelle qu'il y aurait 12 000 logements vacants à Perpignan.
*La politique sportive
Pour la première année, un des changements marquants est le nouveau club de basket de Perpignan.
Et pour la deuxième année, c’est le soutien à une équipe de football américain. Aliot a attiré un club, Les Grizzlys, en pleine ascension (montée de cinq divisions en cinq ans pour évoluer aujourd’hui en Élite 1) Depuis 2021 le club est accueilli dans les infrastructures du Parc des Sports au Moulin à vent. En novembre 2021, le conseil municipal accorde une subvention de 50.000€.
Concernant le rugby, il y a une déclaration récurrente de réunir l'USAP et les Dragons catalans sur Aimé-Giral. Récemment il y avait une polémique sur les conditions précaires du centre d'entraînement et de formation.
Financièrement certaines activités seront moins accessibles. En juin 2022, la presse s’intéresse à la hausse des tarifs et possible baisse de la température des bassins et piscines de Perpignan.
Le nouveau maire est arrivé, en 2020, dans une ville délaissée depuis des années. La première année est marquée par l’application de la grande majorité des promesses de sécurité : plus de policiers, plus de « vitrines » de postes de police, plus de caméras…On trouve lors de la seconde année quelques inaugurations, de l’autopromotion de cette politique, et de nouveaux « murs ».
La communication est omniprésente. On peut l’analyser par les thématiques inhérentes à une certaine idéologie, mais aussi par le contraste avec la réalité. Des thématiques du la liberté de la presse, à l’Algérie française mettent en perspective un langage ou symbolique nationaliste voire d’extrême droite.
Le contraste entre le discours et la réalité est parfois flagrant. La loi permet jusqu’à un certain seuil l’opacité sur les dépenses. La population perpignanaise est maintenue dans une certaine ignorance car la transparence obligatoire pour certaines dépenses doit être cherchée dans d’obscurs comptes-rendus et d’autre part une opacité légale disparait occasionnellement au bon vouloir de « l’opposition municipale ». Le compte-rendu du conseil municipal nous apprend que les 24 nouvelles caméras couteront plus de 600 000 euros aux perpignanais (note décembre 2021 : l'école des officiers de la gendarmerie nationale précise que la vidéosurveillance permet 1,13% d'élucidation.). L’opposition révèle au cours du conseil municipal de mars 2021 les frais de réception sont passés, en période de confinement, de 83 500 € à 121 500 €.
Les recrutements sont la première année, parfois non clivant, dans la droite classique et parfois marqués extrême droite. Pour la deuxième année, il faut se demander qui dirige la communication. Au bout d’un an, on constat que Louis Aliot a mis beaucoup de moyens pour appliquer presque toutes ses promesses concernant la sécurité et le nettoyage. C’est aussi dans ces services qu’apparaissent des tensions médiatisées. Concernant la gestion interne, la première année a révélé la centralisation des décisions autour du cabinet du maire.
Dans l’intercommunalité il est isolé. Pour la deuxième année, constat de l’opposition, avec le refus du délégataire de transport et de la nouvelle agence d'attractivité, et récupération de la gestion du tourisme.
La politique culturelle, lors de la première année est marquée par les restrictions, révèle des aspérités contradictoires : entre exposition orientée sur l’Algérie et des musées gratuits. La deuxième année est marquée par pour un fort engagement (100 mille euros) pour une promotion de l’image de l’Algérie française. Concernant les animations estivales, le remplacement des Jeudis de Perpignan par Têt en Fête et les Rayonnantes doit encore démontrer sa valeur ajoutée.
Les aménagements sont globalement dans la continuité de l’ancien maire. L’information globalement est erratique sur le projet d'entrée de ville. La deuxième année on trouve des démolitions (Beatriu et l’ilot Puig) au Centre Ville qui seront peut être un moyen pour chasser les pauvres. La vision des mobilités est centrée sur la voiture. Au cours de la deuxième année, l'élargissement horaire du stationnement de surface gratuit se maintient mais des projets de stationnement payant dans certaines zones apparaissent et en totale contradiction avec l'Aliot qui était dans l'opposition. Des annonces apparaissent ces derniers temps pour informer de nouvelles voies piétonnes ou cyclable sans jamais donner une vision globale pour Perpignan. Perpignan reste classée parmi les pires villes pour vélo.
Louis Aliot joue un rôle important dans l’organisation de la participation des candidats RN lors des élections dans le département. Certains de ses conseillers municipaux sont candidats aux différentes élections. Les résultats sont négatifs dans les scrutins locaux (cantonales, régionales) avec moins de voix. Pour les élections nationales, c’est positif pour lui en terme de l’augmentation du nombre de voix voire d’élus, mais il faut constater que l’augmentation est moins forte à Perpignan.
La première année, la politique économique était limitée principalement à réagir aux difficultés inhérentes au confinement. Hormis l’ouverture très proche de l’école 42 aucune mesure claire ne semble se mettre en place. Concernant les commerces du centre ville, règne une grande confusion d’information malgré la nomination d’un développeur du centre-ville
Quant au sport, on peut relever la dissolution puis création du club de basquet la première année, et le soutien à un club montant de football américain la deuxième année.
Sur la suite du mandat, on peut se poser des questions sur l’effet du contexte sur sa politique perpignanaise. En France comme à Perpignan, les difficultés économiques et climatiques vont très probablement continuer à s’aggraver. L’augmentation de la pauvreté, va très probablement continuer à générer encore plus de trafic de drogue et de violence.
Quand les limites de ce que peut faire les polices (nationales et municipales) à Perpignan vont être atteintes, va-t-il encourager sa police à dépasser ces limites ?
Sur le plan culturel, il conforte de plus en plus, un électorat nostalgique de l’Algérie française. Va-t-il aller de plus en plus loin sur ce type d’idéologie ?