03 Mar
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Contexte de cette publication : présentation et débat au Casal à Perpignan 29 février 2024, lien ici

https://alternativeperpignan.webador.fr/nos-actions/29-02-24-situation-sociale-de-perpignan 

Publication de septembre 2023 

https://61294045f2a0f.site123.me/bienvenu-sur-mon-blog/3-ans-d-aliot-%C3%A0-perpignan-3-ans-de-discours-sur-la-s%C3%A9curit%C3%A9-3-ans-de-silence-sur-la-pauvret%C3%A9-et-la-toxicomanie

Présentation de la grille de lecture de la situation sociale à Perpignan 

Au centre, une lecture  politique, avec une politique de sécurité axée sur le sécuritaire avec un ensemble d’éléments de langage notamment sur les « trafics ». Autour de la question de la drogues : des toxicomanes, prostitution, des sans-abris, et une économie souterraine perpignanaise. Et tout autour coexistent les difficultés de la ville : souffrance de la jeunesse et des adultes, pauvreté par la faim, pauvreté par l’absence de toit, logements  indignes, pauvreté monétaire, précarité du travail…

**Au centre une lecture  politique autour du discours  sur les « trafics » perpignanais 

*Une politique de sécurité axée sur le répressif

La première année, le maire Louis Aliot met en place beaucoup de moyens répressifs : réorganisation de la police, recrutement de nouveaux policiers municipaux, nouveaux postes de police municipale (ouverts quelques heures), nouvelles caméras de surveillance, relance de Voisins/Commerçants Vigilants….

 Des mesures de prévention sont lancées la deuxième année, mais avec peu de communication.

*Un ensemble d’éléments de langage notamment sur les « trafics »

La politique de sécurité de la municipalité s’accompagne d’un ensemble  d’éléments  de langage : 

•             « présence dans les quartiers » 

•             « proximité avec les habitants avec les habitants », 

•             Des postes  de police municipale qui ont pour fonction de « rassurer», 

•             Une police municipale pour « rétablir l’ordre républicain » 

•             Des policiers considérés comme les « héros du quotidien », 

•             Concernant la drogue il s’agit de « gagner cette guerre », face à cette « gangrène qu’est le trafic de drogue ». 

-Février 2024 une communication municipale sur les chiffres de la délinquance à Perpignan

En ce mois de février 2024, les avenues perpignanaises arborent le chiffre de « -10% de délit en 2023 ».

Cette amélioration fait suite à une année 2022 de dégradation à tous les niveaux : de matériel, de cambriolages, d’atteintes aux personnes. Cette amélioration de 2023, fait suite à l’arrivée l’été 2022, de renforts de la police nationale.

Néanmoins, à l’instar de cet article de novembre 2023, il est possible de supposer que les trafics n’ont pas disparus mais se sont dispersés.

** Autour de la question de la drogues : des toxicomanes, des prostituées, des sans-abris, et une économie souterraine perpignanaise


Dans la presse perpignanaise, est citée de nombreuses substances. On trouve au moins un exemple des 3 catégories scientifiques : 

•             Les dépresseurs comme l’alcool, 

•             Les stimulants comme le tabac ou le crack,

 •             Les perturbateurs comme le cannabis.

Les articles sur Perpignan mentionnent de nombreux produits : ketamine, lyrica, la cocaïne, le subutex, le MDMA, l’extasy… Ensemble de produits qui relient à Perpignan des personnes qui deviennent toxicomanes, qui se prostituent, deviennent sans-abris, et des substance qui circulent dans une économie souterraine. 

*Les toxicomanes

-Des histoires personnelles et tragiques peu médiatisées 

La presse communique peu sur le vécu de ces personnes toxicomanes. Souvent après un procès. A Perpignan, l’année dernière, la presse nous a fait découvrir la tragédie de Marjorie Maidou

 Après des difficultés personnelles  pendant son adolescence, elle glisse dans les mauvaises rencontres, une grossesse précoce, des abandons, puis un cercle vicieux de drogue (héroïne, amphétamine, LSD et crack) jusqu’à qu’elle tue un compagnon de squats en juillet 2019. -Un quasi silence sur la dégradation physique

-Un quasi silence sur la dégradation physique 

Dominique Sistach en 2022, à la suite de ses recherches sur les consommateurs de crack à Perpignan avait alerté sur le problème de santé : en « un mois de consommation de crack, ils semblent avoir 10 ans ».

*Des personnes prostituées dont des adolescent(e)s

-Un lien drogue-prostitution

En 2021, Alain Tarrius, un chercheur, avait déclaré dans la presse  que les dealers s’approchaient des centres d’apprentissage de Perpignan, de collèges ou lycées, et ensuite certains garçons et filles basculaient  dans la prostitution pour se payer leurs doses. Certains finissaient dans les putaclubs de la Jonquera. 

Dominique Sistach a constaté aussi des faits de prostitution.

-Des personnes travailleuses du sexe qui subissent des violences 

En 2022, Jimmy Paradis qui défend les droits des personnes travailleuses du sexe à Perpignan, était exaspéré de devoir « emmener aux urgences de l’hôpital » car des personnes prostituées étaient « violentées ou violées ». 

-Quelques chiffres sur les adultes et les adolescent(e)s 


En 2023, Jimmy Paradis, évaluait une population de 150 femmes et 101 hommes, travestis compris, qui se prostituent. Il considérait qu’il s’agit principalement de filles de l’Est, dont des filles de 14 ans qui se prostituent pour se payer des « fringues » ou de la drogue

En 2023, l’enquête auprès de l’Enfance Catalane mentionne que dans le département 112 adolescents se prostituent

Début 2024, l’enquête du Monde auprès du dispositif Intermède révèle qu’à Perpignan une 40ene d’adolescents se prostituent dont la moitié âgés de 12 à 15 ans. 

*Les personnes sans-abri

-Les morts perpignanais 

En 2022, la presse communiquait que les SDF vivent 31 ans de moins que le reste de la population. La drogue accélère le décès des sans-abri. 

Depuis 3 ans, la presse communique sur au moins une mort prématurée de personnes sans-abri à Perpignan 

•             2021, âgé de 20 ans, overdose de kétamine, 

•             2022, overdose de médicaments, 

•             2023, âgé de 26 ans, overdose avec un mélange d’alcool et de médicament. En 2020, il y avait 12 morts de la rue à Perpignan. 

-Une population de sans-abri en augmentation 

En 2022, la police municipale de Perpignan déclarait 40 à 60 sdf et 74 squats à Perpignan dont 30 à 40 à Saint Mathieu. Dominique Sistach en 2023 déclarait que le nombre de sdf a doublé en 10 ans et une augmentation de 10 à 12% chaque année. 

-Une population qui se féminise et qui subit des violences 

En 2022, la presse interviewait une femme renommée Amélie depuis 5 ans dans la rue à Perpignan. Et Dominique Sistach en 2023 déclarait que la population de sans-abri se féminise. En 2021, Fatouma Miloud Hocine mentionnait une SDF qui aurait été séquestrée et violée. En 2022, Josie Boucher déclarait que « 50 femmes dorment dans la rue ». 

-Drogue, sans-abri et migrants 

C’est une thématique parfois lié à un statut de migrant sans papiers. En 2021, la presse citait le cas à Perpignan, d’un migrant SDF parfois  employé dans le BTP, mort d’une overdose après consommation de Rivotril (un antiépileptique) et du lyrica

En 2022, à propos de ce dernier produit, les associations perpignanaises avaient dénoncé les ravages de cette « drogue de la misère ».

* Une économie souterraine perpignanaise

Tout d’abord, on peut s’interroger sur la place de la consommation de substances , légales ou illégales, dans notre en France et à Perpignan. Quelque soit la tranche d’âge on constate des abus en augmentation :

 •             2014-2021 la consommation chez les jeunes d’antidépresseurs a augmenté de 62%, 

•             2000-2015 la consommation d’opioïdes a augmenté de 146. Cela provoque 4 décès par semaine et concerne principalement une femme de 65 ans qui abuse de l’oxycodone. Par ailleurs,  l’Occitanie est en deuxième position pour un usage abusif. 

•             Concernant Perpignan, en 2023 le Figaro l’a classé 7e ville où les habitants ont le plus de traitements psychotropes (9,6% de la population). 

-Perpignan et le département dans un couloir de flux de narcotiques et de flux de consommateurs

Le département est considéré comme s’inscrivant dans un couloir de flux de narcotiques continental. En France, les observateurs constatent que les consommateurs se déplacent des plus grandes villes vers les petites et moyennes villes dont Perpignan. Le département est classé dans les 5 premiers départements de consommateurs

-Perpignan est un lieu attractif pour les toxicomanes 

Certains narcotiques y sont abondants : 

             Une cocaïne abondante, appréciée aussi bien des cadres que des chômeurs et bon marché (10 à 20€ de moins qu’ailleurs), 

•             Le crack y coûte 8€ contre 10 à 20 € ailleurs. 

-La drogue à Perpignan est structurée par un réseau de clients et travailleurs Dominique Sistach avait observé une « économie de flux » avec des lieux de stockage, des mendiants, des lieux de préparation et des revendeurs. 

Quelques articles témoignent du parcours d’adolescents qui fumaient à 13 ans, puis acheter leur dose se mettent à devenir guetteur (30€ pour 4h, 80€ par jour) et peuvent devenir « nourrice » (conserver la marchandise). 

Les réseaux sociaux électroniques sont utilisés comme les livraisons via Snapchat. 

-Les appartements loués à des prostituées perpignanaises

A Perpignan, certains propriétaires sans scrupules louent leurs appartements à des prostituées 350€/semaine, 1 400€/mois ou 15 000€ pendant une période. 

-Des armes de guerre qui cohabitent avec un trafic de drogue 


Les saisies de drogues sont souvent accompagnées de saisies d’armes : 

•             armes de guerre, notamment des kalachnikovs,

 •             revolver Smith et Wesson 357 magnum, 

•             armes de poing, 

•            fusil à pompe. 

** Tout autour coexistent les autres difficultés de la ville

Le discours sur les trafics semble occulter les différentes souffrances et pauvretés des Perpignanais. 

*Souffrance de la jeunesse et des adultes,

-Explosion des enfants placés 

Début 2024, la presse informait de l’explosion des enfants placés dans le département. 1085 en 2016 et 1800 en 2023. Il y aurait de plus en plus de difficultés pour trouver des familles d’accueil. 

-De plus en plus de jeunes majeurs sous protection judiciaire

Fin 2023, la presse informait de l’augmentation du nombre de jeunes majeurs sous protection judiciaire avec une hausse des troubles psychiatriques et des violences. 6838 adultes protégés sur décision de justice comptabilisés en cette fin d'année 2023 dans le département. 

-Violence intra-familiale

Selon le collectif Droits des femmes 66, qui fédère partis politiques, associations et syndicats, les violences faites aux femmes ont progressé de 15 % dans les Pyrénées-Orientales entre 2021 et 2022. 

Et 2023 ne semble pas devoir être l'année de la décrue. Depuis janvier dernier, l'association perpignanaise Apex a ouvert ses portes à 350 femmes victimes de violences conjugales (dont 250 nouvelles venues) dans son accueil de jour. 

*Pauvreté par la faim

En 2022, les Restos du Cœur du département ont servis près de 17 000 personnes pour près de 1,4 millions de repas . 

Et en février 2023 les responsables mentionnait une augmentation de près de 25%. Et en novembre 2023, il était question « de moins de 1,9 millions de repas pour la campagne estivale ». 

Cela concerne près de 2000 enfants et de plus en plus de gens qui travaillent. Dominique Sistach soulignait en 2023 que cette misère était visible par les épiceries sociales qui augmentait de 10 à 15%.


* Pauvreté par l’absence de toit, 

Le 115 dans les Pyrénées-Orientales  a reçu 23.500 appels en 2021. 

*Logements  indignes

Dans la presse on peut lire les récits de villas souillées par la moisissure, envahies de souris, de mites et avec des fissures au plafond

Il y aurait près de 2000 logements indignes à Perpignan. En parallèle, en 2020 l’association Bougetontoit dénonçait que 15% du parc locatif est vacant et 10 000 logements seraient non occupés

*Pauvreté monétaire

Perpignan et le département sont marqués par un des revenus médians les plus bas de France. Proche de la Saint Denis et de Mayotte. On trouve donc beaucoup d’allocataires du RSA et une proportion importante de surendettement (227 dossiers sur 100 000 personnes, 50 914€ contre 43000€ en France). 

-Perpignan et ses pauvretés monétaires

À Perpignan 6.600 enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le niveau de vie médian des jeunes enfants est faible sur l’ensemble de la commune mais plus particulièrement dans les quartiers les plus proches du centre, classés prioritaires par la politique de la ville. 

Et c’est dans les quartiers du Bas et du Haut Vernet que le niveau de vie des familles avec enfants est le plus bas avec seulement 950€ par mois. 

¼ de la population perpignanaise vivrait dans des quartiers prioritaires (QPV). Le Bas Vernet fait partie des 5 QPV les plus pauvres de France. Et Perpignan serait une ville chère pour l’alimentation. 

En  2022,   Perpignan est aussi l’une des villes française où les courses et l’alimentation sont les plus chères.  La préfecture des P.-O. est classée 76e (sur 96) sur le critère « Coût d’un panier moyen ». 

-Autres mauvais classements

En 2023, Le Figaro a dévoilé son classement des villes les plus stressantes de France.  D’après cette étude, à Perpignan il y aurait près de 17 dégradations pour 1 000 habitants. On compte aussi 1ère ville où l’on déplore le plus d’incivilités (16,9 dégradations/1 000 habitants), 6e ville où les habitants sont le plus exposés à plus de 68 décibels (11% de la population), 

En 2023 la presse s’intéresse à l’étude menée par Le Parisien qui montre que Perpignan serait l'une des pires villes pour élever un enfant. Les mauvaises notes  concernant l’offre familiale et la sécurité pénalisent fortement la notation finale de Perpignan. Pour Le Parisien, Perpignan ne propose pas une offre suffisante pour les familles. 

-Des signes plus discrets de pauvreté

La presse relève aussi l’augmentation d’abandon d’animaux et selon Figaro Perpignan est une des villes qui compte le plus de fast food.

*Et aussi : précarité du travail, non mixité sociale… 

En parallèle de la pauvreté monétaire le département et Perpignan compte un pourcentage élevé de chômeurs pour les catégories ABC. 

Au niveau scolaire la ville a vu le doublement du nombre d’écoles classées REP en quelques années

En parallèle est apparu une forte non mixité sociale, avec un fort écart entre établissement scolaires publics et privés (IPS/Indice de Position Sociale). 

Sources récentes : 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/04/a-perpignan-des-travailleurs-sociaux-en-dernier-rempart-contre-la-prostitution-des-mineurs-on-ne-s-attendait-pas-a-un-tel-niveau-de-detresse_6209004_3224.html

 https://madeinperpignan.com/societe-pauvrete-enfance-pyrenees-orientales-occitanie/ 

https://actu.fr/occitanie/perpignan_66136/de-plus-en-plus-de-personnes-surendettees-dans-les-pyrenees-orientales_60764593.html


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